Musicienne, géniale et méconnue, une femme dont le talent surpasse de loin la renommée. Annapurna Devi née le 3 avril 1927, à Maihar en Inde, la première épouse de Ravi Shankar, était plus talentueuse que son mari, appelé à devenir la superstar mondiale du sitar. Pourtant, elle n’enregistra jamais et sacrifia sa carrière.

Annapurna Devi jouant du sitar, instrument de musique traditionnel, lors d'une performance ou d'un enregistrement. Illustration pour un article sur la musique classique indienne ou un événement culturel.
Photographie en noir et blanc de Ravi Shankar et Annapurna Devi posant côte à côte, l'un portant un châle autour du cou. Image d'archives ou illustration pour un article biographique.

Annapurna Devi, nom de scène de Roshanara Khan, est considérée comme l’une des plus grandes représentantes de la musique indienne et une experte des instruments à cordes traditionnels, le surbahar et le sitar.

Timide et modeste, Annapurna n’avait que 14 ans lorsqu’elle s’est mariée. Elle comprenait l’anglais, mais avait du mal à le parler. Sa langue maternelle était le bengali. Shankar, alors âgé de 21 ans, était plus cultivé et parlait couramment l’anglais et le français, ainsi que le bengali et l’hindi.

Son génie faisait l’unanimité mais sa mort, le 13 octobre 2018 à Mumbai (Bombay), n’a pas fait une vague.

En 1972, la presse française avait pourtant honoré la mémoire de son père, Ustad (ou Baba) Allauddin Khan (1881-1972), maître vénéré de la musique classique indienne. Les aficionados de raga connaissaient bien également son frère, Ali Akbar Khan (1922-2009), immense joueur de luth sarod.
Et le monde entier, surtout, a célébré son premier mari, le grand sitariste…

Portrait en gros plan de Annapurna Devi, vêtue d'un vêtement traditionnel, les mains jointes en signe de prière ou de respect. Illustration pour un article ou un hommage culturel.
Portrait en noir et blanc de Ustad (ou Baba) Allauddin Khan jouant du sitar, vêtu d'un habit traditionnel et d'un chapeau blanc, illustration de musicien classique indien.
Ustad (ou Baba) Allauddin Khan
Portrait en noir et blanc de Ali Akbar Khan souriant jouant du surbahar, instrument traditionnel indien, illustration de musicien classique.
Ali Akbar Khan

Dans la fraternité de musique classique Hindustani, le génie d’Annapurna Devi fait partie d’une mythologie croissante. Fille du grand Ustad Allauddin Khan, sœur d’Ustad Ali Akbar Khan et épouse divorcée de Pandit Ravi Shankar en 1962, elle est considérée comme l’un des plus grands représentants vivants du surbahar et du sitar.

La tragédie c’est que sa musique est perdue pour le monde.

Il y a quatre décennies, à la suite de problèmes de notoriété et de célébrité avec Ravi Shankar, accusant son ex-mari jaloux de son talent naturel pour la musique et le surpassait de loin, elle a juré de ne jamais se produire en public ni enregistrer disques et albums.

Depuis lors, elle a vécu en quasi-solitaire, dans l’ombre, sortant rarement de sa résidence à Mumbai.

Annapurna Devi vêtue d'un sari vert, jouant de la vina, un instrument de musique traditionnel. Illustration pour un article sur la musique classique ou un portrait culturel.
Annapurna Devi et un groupe de musiciens jouant du sitar et du tanpura lors d'une performance collective, illustration de concert de musique classique indienne.

Elle a 74 ans, mais n’a jamais fait d’enregistrement.

Personne ne l’a vue jouer depuis près de 50 ans, à l’exception de George Harrison, qui, dans les années 1970, a eu la rare occasion de siéger dans son journal quotidien, après une demande spéciale du Premier ministre de l’époque, Indira Gandhi.

Portrait en noir et blanc de Annapurna Devi jouant du sitar, instrument traditionnel indien, illustration historique de musicienne classique indienne.
Couverture du livre 'Annapurna Devi' par Atul Merchant Jataayu, portrait d'une musicienne légendaire avec un sitar, illustration de biographie musicale.

Annapurna Devi : The Untold Story of a Reclusive Genius

Un livre dédié à cette musicienne de talent est sorti en novembre 2021.