L'Inde interdit la cigarette électronique

Jaïpur, galerie d’art à ciel ouvert

Depuis septembre 2019, l'Inde a mis en place une interdiction stricte de l'importation et de l'utilisation des cigarettes électroniques.
Cette décision, prise par le gouvernement de Narendra Modi, s'inscrit dans une tendance mondiale de durcissement réglementaire face au vapotage, mais elle est particulièrement notable dans un pays qui est à la fois un grand producteur et consommateur de tabac.

Une interdiction pour des raisons sanitaires

Le Premier ministre Narendra Modi a justifié cette interdiction par des “**impératifs sanitaires et une meilleure lutte contre les addictions**”.
L’ordonnance adoptée interdit l’importation, la production, l’exportation, le transport, le stockage et la vente de cigarettes électroniques dans tout le pays.

Protéger la jeunesse

Cette mesure radicale fait suite à des préoccupations croissantes concernant les effets du vapotage sur la santé, même si ses défenseurs le présentent comme une alternative moins nocive que les cigarettes traditionnelles.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a d’ailleurs qualifié les cigarettes électroniques d'”incontestablement nocives” dans un rapport récent.
Selon la ministre des Finances, Nirmala Sitharaman, cette mesure vise à protéger la jeunesse, pour qui l’utilisation de la cigarette électronique était devenue “très à la mode”.

Des sanctions lourdes pour les contrevenants

L’interdiction en Inde est particulièrement stricte. L’utilisation et même la possession d’une cigarette électronique, y compris pour les voyageurs en transit, sont passibles d’une **peine d’un an de prison et d’une amende de 1300 €**, ainsi que de la confiscation du matériel. En cas de récidive, les sanctions peuvent être encore plus sévères.

L'Inde,
un acteur majeur de l'industrie du tabac

consommateur mondial de tabac
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Le pays est le **deuxième plus grand consommateur mondial de produits du tabac**, avec près de 900 000 décès par an. Environ 275 millions d’Indiens de plus de 15 ans consomment du tabac, principalement sous forme de tabac à chiquer, moins cher que les cigarettes.
De plus, l’Inde est le **troisième producteur mondial de tabac**, derrière la Chine et le Brésil, et les cultivateurs de tabac représentent un électorat important. Cette réalité économique et politique contraste avec la volonté affichée de lutter contre les addictions liées au vapotage.

Une situation paradoxale pour l’industrie de la nicotine

Ironiquement, alors que le gouvernement indien a interdit la vente et l’utilisation de produits de vapotage sur son territoire, la société indienne de tabac ITC Limited, dont le gouvernement est un acteur majeur, produit de la nicotine et des sels de nicotine pour l’exportation vers les pays où la vente de ces produits est autorisée. Cela crée une situation où les vapoteurs et fumeurs indiens n’ont pas accès à des produits légaux à base de nicotine purifiée fabriquée dans leur propre pays.

Quels impacts de l'interdiction ?
L'interdiction semble avoir eu un effet sur les vapoteurs indiens, dont **beaucoup seraient revenus à la cigarette traditionnelle**. Cette situation soulève des questions sur l'efficacité de l'interdiction dans l'atteinte de l'objectif de réduction des risques sanitaires liés à la consommation de nicotine.

“L’interdiction des cigarettes électroniques est complètement absurde, car le gouvernement estime que pour moi il n’y a aucun problème à fumer des cigarettes, qui sont beaucoup plus dommageables pour la santé que le vapotage ne le serait.”

Aronjoy,

étudiant et vapoteur occasionnel

L'Inde fait face à un défi complexe, cherchant à concilier des impératifs de santé publique avec une réalité économique et culturelle fortement liée au tabac.